Une Doctorante à l'ISTOM

Alimatou à Birni N’Gaouré

Depuis maintenant 3 ans, l’ISTOM accueillait au sein de son équipe Alimatou HASSANE-SALEY, une doctorante Nigérienne venue pour réaliser sa thèse.

Alimatou est originaire de Niamey. Elle a vécu aux alentours de la ville avant d’y revenir pour faire ses études. Après un Master suivi à l’Université d’Abdou Moumouri de Niamey, Alimatou a souhaité poursuivre ses études par un doctorat. 

Par conséquent, elle a postulé à une bourse de Campus France qui lui avait été présentée par son responsable de stage au Centre Régional Aghrymet, où elle avait effectué un stage pour développer ses compétences en cartographie.

Par la suite, son encadrant de doctorat a contacté l’ISTOM, et plus particulièrement Ludovic Andres qu’il avait déjà rencontré quelques années auparavant, afin qu’il puisse fournir à Alimatou une lettre d’accueil conditionnant la bourse.

C’est ainsi qu’Alimatou a pu intégrer l’ISTOM, à raison de 6 mois à l’ISTOM et 6 mois au Niger, pour poursuivre sa thèse et bénéficier des ressources de l’école en accédant aux laboratoires, à la bibliothèque ou en échangeant avec les enseignants-chercheurs et des experts intervenants dans le domaine du foncier.

 

ALIMATOU NOUS PRESENTE SA THESE

Alimatou a accepté de nous présenter de manière succincte le travail qu’elle a réalisé durant près de 3 ans.

Le sujet de recherche d’Alimatou porte sur « La dynamique foncière dans la commune de Birni N’Gaouré », dans la région de Dosso, au Niger.

Elle avait déjà abordé ce sujet lors de son master mais souhaitait approfondir des problèmes de gestion de terre et de marchandisation.

C’est donc naturellement qu’elle a continué dans cette direction.

Un village tiraillé entre atouts et difficultés

Le village de Birni N’Gaouré, situé à 105 kilomètres de Niamey, la capitale du Niger, fait face à de réelles problématiques liées à gestion foncière de ses terres agricoles.

Néanmoins, la commune bénéficie de nombreux atouts :

  • Elle est proche de la ville de Niamey.
  • C’est une commune riche avec des terres fertiles et une présence en eau proche de la surface de la terre.
  • Elle est reliée par la RN1 du Niger, route nationale reliant la plupart des grandes villes du Niger, bénéficiant ainsi d’un trafic important.
  • 80% de ses habitants sont des agriculteurs et dont leurs cultures sont leur principale source de revenu.
  • Les prix des parcelles constituent aussi un facteur attirant des élites urbaines pour l’achat des terres.


Malgré cela, Birni N’Gaouré, rencontre aussi certaines difficultés :

  • Il fait face à un climat rude provoquant sécheresse et érosion hydrique.
  • La pluviométrie est très pauvre et irrégulière (il pleut 3 mois par an).
  • C’est un village enclavé et loin de la mer.
  • Les agriculteurs font face à de mauvaises récoltes d’année en année, mais n’ont pas de revenus suffisants pour investir dans des engrais et fertilisants.
Alimatou entourée d'habitants locaux

Birni N’Gaouré, une proie aux yeux des investisseurs

L’arrivée des nouveaux urbains

En raison des atouts géographiques et fertiles de ces terres, les habitants de Birni N’Gaouré ont fait face à l’arrivée de nouveaux urbains. Politiciens, commerçants, fonctionnaires… sont venus depuis la capitale et les régions alentours afin d’investir les terres familiales que n’arrivaient plus à exploiter les paysans locaux.

Ces nouveaux venus n’ont donc eu aucun mal à s’approprier les terres à des prix dérisoires face à des paysans, analphabètes pour la plupart.

C’est alors qu’intervient la problématique de la marchandisation des terres de Birni N’Gouaré.

L’achats des terres

Les terres de Birni N’Gaouré sont inaliénables, c’est-à-dire qu’elle ne peuvent être vendues puisqu’elles sont transmises de génération en génération.

Autrefois, ces terres n’auraient jamais été vendues du fait de leur héritage, mais aujourd’hui, face aux mauvaises récoltes et à la pauvreté des habitants, les agriculteurs n’ont pas d’autres choix que de vendre leurs lopins de terre à ces nouveaux arrivants.

L’accentuation des conflits

Avant l’arrivée de ces investisseurs, les habitants du village, et plus particulièrement les agriculteurs et les éleveurs étaient en conflits perpétuels. En effet, pour se rendre dans un champ, le bétail doit franchir des terres agricoles exploitées par le paysan voisin, ne faisant qu’anéantir ses cultures. Afin de régler ces conflits, les paysans pouvaient même aller jusqu’à s’entretuer.

L’achat de ces terres pour ces nouveaux arrivants ont donc créé des conflits fonciers, ne faisant qu’aggraver les rivalités déjà existantes au sein de la commune.

Alimatou et les agriculteurs

Les recherches d’Alimatou

A travers sa thèse, Alimatou cherche à observer les dynamiques d’occupations des sols et ses conséquences à la fois socio-économiques et spatiales, et à analyser les profils et les stratégies des nouveaux investisseurs (élever, cultiver de manière intensive, clôturer, terroriser…).

Malheureusement pour les locaux de Birni N’Gaouré, ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur et si aucune action n’est mise en place à terme, les paysans se retrouveront exclus du système.

MERCI ALIMATOU

Merci encore à Alimatou de nous avoir présenter son sujet de recherche pour qu’il puisse être compréhensible par tous.

Alimatou, l’ISTOM te souhaite une bonne soutenance de thèse dans les mois à venir !